Au « pays des Mille Collines » sous un soleil radieux, nous nous cramponnons aux guidons de nos Trolls et pédalons à fond en compagnie de ribambelles de piétons : nos joyeux travaux rwandais! Avec l’une des plus grandes concentrations d’êtres humains de la planète—480/km²—, surtout des jeunes, y ayant gravi plus de 9000 mètres en quelque 560 bornes, le moins qu’on puisse dire c’est que le Rwanda électrise et divertit! Mais avant de nous dégourdir et étourdir, retournons de l’autre côté de la frontière, derrière les monts Virunga, en Ouganda…
Nous quittons Kisoro pour passer la frontière et entrer au Rwanda la veille du jour de l’an, vivre un nouveau dépaysement. Les cyclistes aux cargos extravagants continuent de nous tenir compagnie et nous contournons les Virunga jusqu’à Musanze alias Ruhengeri—suite au génocide de 1994 des Tutsi, plusieurs réformes administratives sont survenues dont le changement de nom de plusieurs lieux et l’abolition de toute désignation à connotation ethnique. C’est ainsi qu’on réfère aux Pygmées Twa de la région, qui compteraient entre 25 000 et 30 000 personnes, par l’expression « Communauté de Potiers »! D’ailleurs, même si on commémore le génocide tous les ans en un jour férié et que des mémoriaux sont omniprésents, nous découvrirons qu’un silence opaque scelle toujours la douleur collective de cet abominable chapitre de l’Histoire.
Surtout en ville mais également dans la campagne en roulant vers Musanze, la propreté nous éclabousse au visage et surprend. Plutôt déserte voire fantomatique pendant le congé du nouvel an, la « capitale rwandaise des gorilles », dispendieuse, nous ennuie. Pour nous remettre de notre p’tit choc culturel et mieux préparer nos coups de pédale ici, nous transférons nos pénates à l’aubergeRed Rocks, à moins de 10 kilomètres du centre de Musanze, sur la route de Muhanda qui, sur les premiers 30 kilomètres, est surtout fréquentée de routiers à vélo transportant bidons de l’elixir national, urwagwa : appelons ce segment la « route de la bière de banane »!
Projet chouchou du proprio de l’agence Amahoro Tours, Greg, favorisant le tourisme communautaire, l‘auberge Red Rocks comporte aussi un vaste et magnifique terrain de camping et nombre d’activités impliquant les paysans des parages : atelier de vannerie, rando dans la jungle parmi les vestiges de l’une des plus anciennes cours royales d’Afrique, session d’agriculture bio dans les villages environnants, rando en montagne, centre d’arts, balade à vélo (trottinette) de bois, apiculture et…fabrication de bière de banane, étape par étape! Comme quoi il y a beaucoup d’autres choses à faire autour des safaris de gorilles! Nous avons profité de notre séjour pour inscrire Red Rocks sur la liste des hôtes Warmshower du Rwanda. Les voyageurs à vélo peuvent désormais y ériger leur tente, prendre une douche et une pause gratuitement…et s’initier à ce coin d’Afrique!
Nos travaux débutent vraiment au départ de Red Rocks, mettant le cap vers le lac Kivu via une série de petits cols et villages perchés sur les contreforts des plus hauts sommets des volcans de Virunga : outre les Muhabura (4127 mètres), Gahinga (3474 mètres) et Sabyinyo (3674 mètres), qui nous tiennent compagnie depuis notre arrivée dans le recoin sud-ouest de l’Ouganda, ce sont les Bisoke (3711 mètres) et Karasimbi (4507 mètres), point culminant du pays des Mille Collines. C’est une longue ascension et les vélos chargés qui descendent à sens inverse à plus de 70 km/h nous en mettent plein la vue. Les alertes lancées par les jeunes et moins jeunes—«Aamuuzzzzzzzzzzungu!»— s’abattent en autant de batteries d’averses. Tout ce beau monde demande toujours un p’tit quelque chose, bien sûr, mais sans insister ni perdre le sourire…nos joyeux travaux rwandais sont bel et bien commencés!
Nous touchons le rivage du lac Kivu, autres retrouvailles avec le grand rift africain, encore sa branche occidentale, dans la baie de Bralirwa, au village de Rubona. C’est dans l’établissement de la Québécoise Marie-Noëlle DeVito, l’Inzu Lodge, que nous reprenons notre souffle et nous préparons à entreprendre la superbe Congo-Nile Trail…une série de joyeux et sérieux travaux rwandais en soi! C’est aussi ici, à la tête de la baie, qu’on brasse les Primus et Mützig, bières de la Brasserie et Limonaderie du Rwanda. En profitons donc dans le paradis de Marie-Noëlle pour nous dorloter un peu avant de nous auto-flageller!
La Congo-Nile Trail poursuit jusqu’à Kamembe, à l’extrémité sud du lac Kivu, mais nous bifurquons vers la gauche et l’est, une trentaine de bornes avant son terminus, pour franchir le parc national Nyungwe. Abritant l’une des plus anciennes forêts pluviales du continent et nombre de primates dont colonies de chimpanzés et acrobatiques colobes noirs et blancs, c’est une sente sanctuaire de 50 km qui nous prodigue un répit de la foule somme toute bien mérité. Les premiers « aaawazzzungu! » à la sortie glacent le sang puis la routine reprend ses droits. Puisque nous projetons mettre un terme à la première étape de l’odyssée vélocipédique en cours à Dar es Salaam, en Tanzanie, nous maintiendrons désormais un cap qui nous conduira jusqu’à l’océan Indien et l’archipel de Zanzibar via un retour en pays Maasai et les territoires des Hadza et Barabaig, prochains nomades dans notre mire.
Bonjour
J’ai une question. Est-ce que votre tente est ok pour les pluies d’Afrique ? On dirait une BigAgnes ?
Merci
Bonjour France! Nous trimbalons une MSR Hubba Hubba avec footprint…le bonheur! 😉