L’aventure se poursuit en Éthiopie : disons Éthiopiques vélocipédiques Vol. II! Il en va de même pour notre quête de nomades. Ici, ce sont les Afars qui nous intéressent. Ces caravaniers et éleveurs habitant l’une des zones les plus inhospitalières de notre planète, la dépression du Danakil, voient leur mode de vie traditionnel, basé sur les déplacements nécessaires pour nourrir leurs troupeaux et transporter le sel récolté dans leur cuvette minérale vers les marchés des hauts plateaux, se bouleverser, se désintégrer sous leurs propres yeux : « Nos enfants sont maintenant scolarisés et emménagent en ville pour poursuivre leurs études secondaires. Nous ne nous opposons pas à cela, tant pour les filles que les garçons. Mais en se familiarisant ainsi avec le confort et la « facilité » de la vie citadine, ils ne veulent plus revenir vivre dans le désert et mener l’existence difficile à laquelle nous sommes habitués. Tout est en train de changer! » explique Ali, un Afar venu faire des provisions et s’acquitter de tâches administratives « en ville », que nous avons rencontré à Mékélé.

Des incidents touchant la sécurité des voyageurs et la proximité de la frontière avec l’Érythrée, pays qui entretient une relation plutôt tendue avec l’Éthiopie, ont fait en sorte que les autorités gouvernementales imposent aux visiteurs la formation de convois motorisés avec guides autorisés et soldats armés…pas d’incursion à vélo au sein du territoire des Afars! Pas la saison idéale non plus, il fait encore plus chaud qu’au Soudan ces temps-ci…quelques degrés de plus qui font toute une différence! Malgré ces inconvénients, nous avons eu quand même beaucoup de chance : 2 agences ont uni leurs ressources pour nous permettre de joindre un tour de 4 jours dans l’antre du Rift africain. Au menu, les volcans de Dallol (-48 mètres) et l’Erta Alé (613 mètres). Ainsi, nous avons trois raisons majeures de nous réjouir : les occasions de se familiariser avec le territoire ancestral des Afars, désert qu’on a surnommé « l’endroit le plus cruel de la Terre »*, célébrer nos retrouvailles avec de vieux « amis », nos chers volcans et, finalement, commémorer d’une manière spectaculaire le vingtième anniversaire de notre union, association, partenariat sur la route et dans la vie…à défaut de champagne, il y avait de la Dashen, une bouteille Gouder rouge et méchant feu d’artifice!

*« The Cruelest Place on Earth » in National Geographic, octobre 2005.

  • 125 mètres sous le niveau de la mer, dans la dépression du Danakil, là où la température moyenne annuelle est la plus élevée de la planète...et domaine du peuple Afar. Région Afar, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
  • Co-touristes, guides et chauffeurs marchent sur l'eau et sous le niveau de la mer au lac Karoum, qu'on désigne aussi las Assalé. Région Afar, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
  • Balade au coeur du cratère sulfurique du volcan Dallol (-48 mètres), issue de la dépression du Danakil lors d'une éruption en 1926. Région Afar, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
  • Autre attraction géothermique et chimique de la dépression du Danakil, un lac d'acide. Région Afar, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
  • Même si leurs caravanes se font de plus en plus rares et leur mode de vie a été bouleversé par nombre de facteurs (construction de routes carrossables, conflit armé avec l'Érythrée et perte du monopole du sel), les nomades Afars continuent d'élever et "employer" les chameaux. Région Afar, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
  • En convulsion depuis au moins 1967, le lac de lave du volcan Erta Alé (613 mètres) livre la marchandise: pyrotechnie suprême! Région Afar, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
  • Rassasiés—ou presque...—, les volcano-touristes quittent les berges du cratère de l'Erta Alé pour la sécurité volatile des flancs avoisinant son sommet! Région Afar, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
  • Retour de la caravane de matelas pour touristes... Région Afar, République fédérale démocratique d’Éthiopie.

Diaporama Tour de 4 Jours dans la Dépression du Danakil

(pause en plaçant la souris au-dessus de l’image)

Avec le soutien de Worldsun Ethiopia Tours & Visit Ethiopia Tours

Revenus à Mékélé, nous nous sommes empressés de compléter le billet précédent pour retourner sur la route et filer vers Lalibela. Nous décidons de délaisser le bitume de la route principale et nous lancer sur la « Vieille Route Italienne », un tire-bouchon en garnotte de 300 bornes: épique et diabolique…« éthiopique! »

km 14300b
On bavarde et vaque à ses occupations à Mékélé devant le monument érigé aux victimes du Derg, qui signifie en amharique « comité des égaux », junte militaire ralliée aux puissances du feu rideau de fer qui gouverna l’Éthiopie de la chute du négus Hailé Selassié, en 1974, jusqu’en 1991, lorsque ce régime totalitaire despotique fut renversé par les forces du Front Démocratique Révolutionnaire des Peuples Éthiopiens (FDRPE). Région Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300a
Dans les rues de Mékélé comme dans toute agglomération d’envergure en Éthiopie, le bajaj règne souverain. On désigne ces tricycles motorisés, tuks tuks, du nom d’un important constructeur indien. Région Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300c
Au sortir de Mékélé, sur une pente ascendante d’abord, escorte d’usage. Les montées sont rarement zen et sereines ici! Région Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300d
Collision frontale à éviter sur la « Vieille Route Italienne »! Région Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300e
Nous avons remarqué qu’à la tombée du jour, quand les bergers miniatures retournent au bercail avec leurs bestiaux, excessivement heureux de retrouver toute la bande, et lorsque nous ressentons la fatigue d’une journée à pérégriner, la probabilité que surviennent abus de toutes parts augmente considérablement. Inspirons, expirons, inspirons, expirons… Région Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300f
Nous remercions notre ange-gardien armé après avoir passé une nuit en toute tranquilité à camper sur le porche arrière de l’école secondaire flambant neuve du village de Gondellat. Région Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300g
« Le bœuf est lent mais la terre est patiente! » dit le proverbe. On pratique l’agriculture zen depuis plus de 3000 ans. Région Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300h
Approche vers le village de Samré (centre) parmi canyons dignes d’un parc national. Région Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300i
À Samré, livraison toute « fraîche » de grains de blé orchestrée par la US Aid et le programme d’alimentation mondiale des Nations Unies. Cette région vulnérable, particulièrement encline aux sécheresses, peine à nourrir ses nombreux paysans. Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300j
On s’y préparait depuis une couple de semaines, les Orthodoxes pratiquants jeûnant—pas de viande ni produits laitier—depuis tout ce temps. Ce matin, en quittant Samré, les filles sont toutes sur leur 36 et le festival d’Ashanda débute : 5 jours de barrages routiers opérés par des commandos féminins qui turlutent, chantonnent, sautent pieds joints, tapent du tam tam, le tout pour une donation. Pas des danses à 5 ou 10 piastres mais 1 birr (6 cents)! Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300k
À l’approche des hautes sources de la rivière Tekeze, dont les cours départagent les régions de Tigray et Amhara, plongeant sous les 1500 mètres, les paysages affichent une dégaine franchement aride et l’oeuvre de l’eau au cours des dernières centaines de millénaires est nettement visible : les ambas, vestiges de plateaux volcaniques érodés, ces monts aux sommets aplatis. Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300l
Sur des dizaines de bornes, la « Old Italian Road » évoque westerns spaghettis! Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.

Quand les mots ne suffisent pas! Les bâtons et les cailloux remplacent souvent arguments dans la campagne éthiopienne…nous en savons quelque chose! Durant cet épisode, nos cyclomètres ont même disparu pendant une trentaine de minutes : le temps qu’on les dérobe, que nous remarquions leur absence, que nous la signalions à la gracieuse tenancière du p’tit café où nous prenions une pause et que cette dernière mène sa très brève enquête! Ah, ces p’tits garnements! Tigray, République fédérale démocratique d’Éthiopie.

km 14300N
En changeant de région, le festival Ashanda change aussi de nom : Shadei. Toutefois à Sekota, même cirque! Nous avons été interviewés par l’émission Explore Ethiopia de la chaîne nationale et organe du gouvernement, EBC: ici. Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300o
En nous hissant à nouveau au-dessus des 2000 mètres et réintégrant le cœur des hauts plateaux amhariques, le relief se crispe et le décor verdit! Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300oo
De retour d’une erreur routière de quelques bornes à l’intersection du bled de Kia—parades/embuscades de fillettes nous auront fait manquer la virage!—, je répare dans cette mare à malaria les 15 crevaisons occasionnées par une chute glissée roue avant première dans un buisson d’acacia. C’est un problème de freinage à la descente d’un autre p’tit col qui a entraîné ce dérapage raté. Quand même habitué à ce genre de cascade, je m’en suis tiré avec une bonne éraflure sur l’avant-bras et légère contusion sur une cuisse. C’est la crainte de se faire lapider au sommet par une bande de p’tits monstres en liesse qui s’amusaient à nos dépens sur un talus nous surplombant, leurs moutons et chèvres broutant sur l’escarpement, qui nous a incités à poursuivre avec la descente sans inspecter ni réajuster les freins qui semblaient manquer de tension. L’ampleur et la pente de la descente, dissimulées par une courbe ou deux, m’auront pris de court! Quand même pratique d’avoir quelqu’un d’autre que soi à blâmer!  Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300p
Réveil dans la cour de la station de police de Zarota, un modeste village entre Sekota et Asketema. « Morning show » pour les locaux! Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300q
Cultivé de toutes parts et densément peuplé, le secteur des hauts plateaux amhariques que franchit cette vieille route italienne époustoufle. Nous nous réjouissons—et félicitons même…—de nous retrouver ici durant la saison des pluies. Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300r
Suivant une altercation la veille avec une p’tite bande de sacripants fanfarons, à l’amorce d’une autre longue et abrupte ascension, nous avons décidé de nous réfugier dans le « truck stop » à l’orée du village d’Asketema et faire du pouce pour nous en sortir—il y a des limites à réagir aux harcèlements et menaces de ces enfants avons-nous raisonné…ils ont donc marqué un point! C’est un camion conduisant un ingénieur chinois affecté à la réfection de la « Old Italian Road » qui nous a fait faire un bond de 50 kilomètres jusqu’au village de Bilbala. Nous avons appris que la compagnie asiatique œuvre sur le segment Gashena/Sekota qui devrait être complètement pavé d’ici 5-6 ans. Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300s
L’asphalte des Chinois changera la région à jamais! Disons que la garnotte favorisait l’aventure! Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300t
Cap sur Lalibela, ancienne capitale d’un royaume médiéval et site d’un spectaculaire regroupement d’églises rupestres qui attirent visiteurs du monde entier depuis quelques décennies. Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300u
Sitôt installés à l’hôtel Asheton que nous chaussons nos bottes de randonnée pour suivre le guide Abrham, qui vient de fonder sa propre entreprise de services touristiques (LAL Eco-trekking & Tour), sur le sentier qui mène au sommet du mont Abune Yosef (4260 mètres), sixième plus élevé d’Éthiopie. Le brouillard était au rendez-vous et les rencontres avec paysans qui habitent dans les alpages nombreuses…dont cette « collision frontale » avec une charmante jeune fille dans un champ de pois mange-tout perché à l’étage des 3500 mètres. Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.
km 14300v
Chef-d’oeuvre de l’architecture orthodoxe éthiopienne et principale attraction touristique du pays—voir le billet de Gary Lawrence sur le tourisme ici—, l’église de Saint-Georges (bet Giyorgis), comme la plupart des autres lieux de culte sculptés dans le basalte de Lalibela, est toujours opérationnelle et active. Le dimanche, donc, on la visite à pas feutrés, discrètement, et durant les festivals de Timqet, Noël et toutes les autres fêtes du calendrier liturgique, on joint les légions de pèlerins…vaut mieux réserver sa chambre d’hôtel des semaines à l’avance durant ces périodes! Amhara, République fédérale démocratique d’Éthiopie.

 

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LOgo Asheten

Éthiopiques vélocipédiques vol. III! (Arba Minch, Éthiopie – KM 15 130)
Hauts plateaux éthiopiens: le ciel et l'enfer! (Mékélé, Éthiopie - KM 14 125)

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