Safari en pays nomades! (Ranch Borana, Kenya – KM 16 405)

En swahili, safari signifie « voyage ». En évoluant du pays Turkana à celui des Maasai, roulant et franchissant chemin faisant les territoires des Pokot et Samburu, nous avons réalisé un safari en terres nomades! Un safari au sens perverti aussi, avec ses bêtes fauves, rayées et tachetées. Mais surtout, tout un trip, un chapitre faste et fluide avec un visiteur de marque, le seul et unique sieur de Bellemare, mon frère Velcro.

Retour au rude et magnifique pays Turkana puis, en rafale, scènes de notre progression jusqu’ici, la savane céleste du Ranch Borana, au pied du mont Kenya et son concile de pics majestueux…

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Nous esquivons les cratères sur l’infâme route A1. Entre Lodwar et le col Marich, dans les monts Cherangani, ce segment d’environ 200 bornes asphalté et abandonné à son sort depuis le début des années 1980, cordon ombilical de la région de Turkana et artère vitale entre le Soudan du sud et le Kenya, tronçon réputé diabolique et redouté de tous, accentue l’isolement qui caractérise ce recoin paumé de notre planète! Une dizaine de kilomètres au sud de Lodwar, sitôt après avoir réparé une énième crevaison, des camionneurs nous invitent à monter à bord. Nous acceptons l’offre de ces livreurs de produits laitiers, Effectuant la navette entre Kitale et le camp de réfugiés de Kakuma, près de la frontière avec le Soudan du sud, ils nous  débarquent en pleine nuit dans la petite ville de Kapenguria, de l’autre côté des Cherangani. Nous avons mis 16 heures pour parcourir quelque 180 bornes…assez de temps pour nous informer des contextes politique, social et économique de ce pays d’Afrique orientale! Asante! Comté de Turkana, République du Kenya.

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L’une des rues dynamiques et commerciales du centre de la petite ville de Kitale, capitale régionale fournissant services pour les communautés des alentours disséminées sur ce plateau les plus féconds du pays. Le profil évasé et altier du mont Elgon (4321 mètres), volcan éteint sis à la frontière entre le Kenya et l’Ouganda, domine le tableau, à l’ouest. Surgis d’un véritable voyage dans le temps, nous y revenons à notre époque et sommes surpris d’y trouver la plus grande diversité de denrées depuis cet étonnant hypermarché de Khartoum! Comté de Trans-Nzoia, République du Kenya.

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Pause-diésel en marge de la route B2. Des « rumeurs » qu’El Niño s’amène avec ses pluies torrentielles cette saison envoient paysans récolter hâtivement le fruit de leur labeur dans les champs. Les plateaux des environs étaient surtout plantés de maïs au moment du passage de notre p’tite caravane. Comté d’Uasin-Gishu, République du Kenya.

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Mon genou incommodé par ces 16 heures de contorsion dans la cabine de nos Samaritains, une source de préoccupation en soi, nous nous dirigeons en tout confort à bord de ces merveilleux taxis à pédales vers le bureau d’immigration d’Eldoret. C’est dans la 5ème plus grande ville du Kenya que nous obtenons l’estampe d’entrée sur la page de notre visa de touriste d’Afrique de l’est. Nous nous serons ainsi démenés dans un « no man’s land » durant une période de 10 jours! Comté d’Uasin-Gishu, République du Kenya.

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Célébrons retrouvailles dans notre modeste chambre d’hôtel d’Eldoret! 20 ans après les derniers déboires et coups de pédale des Frères Velcro, en Chine, notre pote et complice de longue date Steeve Bellemare débarque en Afrique…et pas les sacoches vides! Hormis ces fioles remplies de nectar charlevoisien, Vache Folle, Dominus Vobiscum et Flacatoune, notre ami transportait des cadeaux envoyés par plusieurs de nos partenaires terrain dont Michelin, MSR, Therm-A-Rest, Seal Line, Shimano, Giro, NRG Enterprises, MEC, Le Pédalier et…La Petite Poule d’eau, l’érablière familiale! Mobilisant tous ses congés de l’année, Steeve partagera la Route avec nous durant une trentaine de jours. Comté d’Uasin-Gishu, République du Kenya.

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Notre trio prend la route et met le cap vers le village d’Iten. Érigé sur l’escarpement d’Elgeyo et surplombant la rivière Kerio, au fond du Grand Rift, ce centre d’entraînement en altitude d’athlètes d’élite, surtout des coureurs, véritable pouponnière de championnes et champions, a fait la renommée sportive du Kenya. Y faisons escale pour notre premier bivouac à trois. Comté d’Uasin-Gishu, République du Kenya.

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Par-delà la vallée de la rivière Kerio, la ville de Kabarnet et les monts Tugen, Janick et Steeve plongent vers le lac Baringo pour une première immersion en pays Pokot, ces éleveurs semi-nomades. Comté de Baringo, République du Kenya.

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Faisons le plein dans la bourgade de Marigat, carrefour routier au cœur du Grand Rift, entre les lacs Baringo et Bogoria. Des chapatis facture kényane—oh, combien plus soutenants que leurs pendants indiens, asiatiques!—, un bol de githeri (concoction de maïs en grains et haricots) un mandazi (chausson triangulaire frit) et thé au lait sucré puis voilà que nos niveaux en calories, sodium et glucose tapent dans le top! Ah oui, une rafraîchissante Tusker aussi, la bière nationale ici! KenyaComté de Baringo, République du Kenya.

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En incluant le lac Navaisha, plus au sud, Baringo est le seul lac d’eau douce de cette partie du Grand Rift et sa faune halieutique nourrit des colonies d’hippopotames, crocodiles et nombre inouï d’espèces d’oiseaux. On en a recensé 458 distinctes et le record d’observation en 24 heures, établi par l’ornithologue Terry Stevenson, s’élève à 342 espèces! Phénomène étrange et énigmatique, le niveau de l’eau a augmenté de quelques mètres en quelques mois et une forêt de fantômes, avec ses épaves immobilières, auréole désormais  le lac giboyeux et atmosphérique…ce qui n’est pas sans lui conférer un certain air lugubre! Aux aurores sur les berges du Camp Robert, à Kampo ya Samaki. Comté de Baringo, République du Kenya.

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Nos Hubba² NX plantées entre le lac et le pub Thirsty Goat, au Camp Robert, nous avons été tenus en éveil toute la nuit par des sons d’émergences, immersions et broutements hippopotamesques. Imaginez un mètre² d’herbe se faire arracher d’un coup vorace, le bruit de la bouchée de salade croustillante amplifiée par la nuit du Grand Rift…de quoi scanner les alentours à la frontale! Pas besoin d’interroger les principaux suspects rencontrés à quelques dizaines de mètres de notre campement le lendemain matin! Comté de Baringo, République du Kenya.

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Les « crocos » du Baringo mettent à profit les structures inondées par la montée des eaux pour se faire chauffer le saurien au soleil! Comté de Baringo, République du Kenya.

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Safari lacustre depuis la pointe de Kampo ya Samaki qui vaut le détour! Comté de Baringo, République du Kenya.

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Enfilant un chapelet de villages Pokot, la piste qui relie le Grand Rift au plateau de Laikipia, est truffée d’embûches…et autruches! Rencontre du troisième type au campement ce matin-là. C’est dire que les vacances de Steeve débutent en lion! Comté de Laikipia, République du Kenya.

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Première girafe de l’odyssée que nous rencontrons en franchissant les arpents du Ranch Mugie, l’une de ces géniales entreprises kényanes qui conjuguent harmonieusement élevage de bétail et conservation de la faune. Comté de Laikipia, République du Kenya.

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Au menu de cet hotel—qui n’offre pas de service d’hébergement au Kenya…—de Kisima, bled-charnière au cœur du pays Samburu. Comté de Samburu, République du Kenya.

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Jeune berger Samburu en marge de la route de Maralal, capitale de ce peuple nomade, que le passage de notre caravane à pédales amuse bien. Son père, ses oncles et grands frères, pasteurs-guerriers, se trouvent fort probablement aux confins de leur territoire voire dans celui d’ethnies d’éleveurs voisines motivés par l’espoir de trouver de l’herbe comestible pour leurs troupeaux d’ovins et bovins, bêtes qui jouent le rôle de véritable monnaie d’échange. La sécheresse, qui perdure et s’aggrave depuis 2 ans maintenant, génère des conflits entre les différents peuples pasteurs de la région qui deviennent de plus en plus meurtriers. Certains, désespérés, envahissent même les espaces protégés des parcs nationaux et réserves fauniques. Le vol de bétail—et les représailles qui s’ensuivent—s’enchaînent et intensifient en une spirale fulgurante. Tout le monde prie pour l’arrivée d’El Niño ici… Comté de Samburu, République du Kenya.

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Steeve se magasine des souvenirs pratiques à l’atelier des Young Plastic Boyz de Maralal, groupe d’orphelins qui se sont pris en main : les fameuses sandales de 5000 miles, fabriquées à partir de pneus recyclés, auront une seconde et nouvelle vie sur les trottoirs, promenades et sentiers de la ville de Québec…laissant leur empreinte charmante et mystifiante partout! Comté de Samburu, République du Kenya.

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Dans les rues de Maralal, mon coutelas des Petites Îles de la Sonde subit une cure de rajeunissement sur la pierre de jouvence de ce rémouleur à la jante agile! Comté de Samburu, République du Kenya.

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Comité d’au revoir enjoué en ce dimanche matin devant le portail de la mission catholique de Kisima. Comme c’est à partir d’ici que nous avons effectué un aller-retour au nord jusqu’à Maralal, les frères Rafael et Mark, abbés kényans gérant les paroisses éparses des environs, nous ont invités à nous installer dans leur quartier général, presbytère de brousse avec tous les services…avant l’aller et après le retour! L’information qu’ils nous auront fournie sur la vie en région éloignée—oubliée et négligée du gouvernement national—, le prêt d’un écran d’ordi puisque celui de notre portable a rendu l’âme—autre conséquence néfaste de la balade en camion sur l’infâme A1—et le recrutement d’une interlocutrice Samburu pour les besoins de notre p’tite enquête sur les nomades, sont des contributions précieuses et incommensurables…asante! Comté de Samburu, République du Kenya.

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Entre Kisima et Wamba, toujours en pays Samburu, la piste effleure la gorge de la rivière Ewaso Nyiro et prend d’assaut une topographie tourmentée. Comté de Samburu, République du Kenya.

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Parmi ce dédale de formes et couleurs, une consommatrice Samburu à la tenue indémodable surgit d’une duka (échoppe) du bled de Ludungokwe. Comté de Samburu, République du Kenya.

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Notre caravane, Steeve Velcro en tête, lèche les pieds du mont Ol Lolokwe, mesa prodigieux que vénèrent les Samburu. Recommandées par le frère Rafael de Kisima, des sentiers créés par le passage de motocyclistes, à gauche ou à droite de la piste ravagée par des vagues de taule ondulée impitoyables, soulageaient et exaltaient. Sur près de la moitié du parcours entre Maralal et l’asphalte de la route Moyale-Marsabit-Isiolo, nous avons ainsi pu nous payer la traite sur ces pistes cyclables de brousse…épines à crevaison incluses! Comté de Samburu, République du Kenya.

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La route de Moyale, à la frontière avec l’Éthiopie, chemin faisant vers Archer’s Post, se faufile entre le parc national Samburu et les réserves Buffalo Springs et Shaba…territoires bien fréquentés! Comté d’Isiolo, République du Kenya.

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Vacances ou non, les crevaisons ajoutent du piquant à une escapade, équipée a vélo. Steve, avec qui j’ai partagé la route pendant 5½ ans, en sait quelque chose et approuve d’un sourire qui en dit long! Quant à nous, heureux de pouvoir compter à nouveau sur des pneus et chambres à air Michelin…fait du bien! 😉 Comté d’Isiolo, République du Kenya.

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Depuis Isiolo, nous nous sommes assujettis du joug de la chaleur et hissés jusqu’aux plateaux jouxtant les flancs occidentaux du mont Kenya (5199 mètres), sommet du pays et château-d’eau de ce coin de l’Afrique. Nous sommes en territoire Maasai Laikipiak. À Timau, nous faussons compagnie à la « Ring Road » et son asphalte afin d’emprunter une piste de terre noire qui pousse au nord sur une vingtaine de bornes jusqu’au quartier général du Ranch Borana, là où notre safari se poursuit et prend une tournure délicieusement plus sauvage et africaine…ce dont nous parlerons dans le prochain billet! Comté de Laikipia, République du Kenya.

 

 

Péripéties équatoriales! (Kisumu, Kenya - KM 17 055)
Par la porte d'en arrière! (Lodwar, Kenya - KM 15 680)

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